Sélectionnez votre langue

CLAIR PARIS a été créé en octobre 1990 pour représenter les collectivités locales japonaises en France.

A+ A A-

"Le vieillissement de la population et la transition écologique" Deux défis communs pour la France et le Japon

Retour sur le Mini-séjour de Shizuoka à Limoges


Entre le 13 et le 16 novembre 2022, le personnel de CLAIR Paris a accompagné Tetsuya MOCHIZUKI, directeur du service Culture et Tourisme de la ville de Shizuoka, qui s’est rendu à Limoges dans le cadre d’un « Mini-séjour ». Il s’agit d’un programme d’accueil d’un cadre territorial japonais en France organisé tous les deux ans par le Syndicat National des Directeurs Généraux des Collectivités Territoriales (SNDGCT). CLAIR Paris est associé à l’organisation de ce programme dans le cadre de son partenariat avec le Syndicat. Le Mini-séjour est le pendant français du « Programme d’étude de l’administration locale japonaise » qui est organisé par CLAIR au Japon, pour lequel des dirigeants territoriaux français sont conviés chaque année dans le but d’échanger sur les enjeux communs aux administrations publiques des deux pays et d’observer les politiques locales mises en œuvre. C’est d’ailleurs dans la ville de Shizuoka que s’est tenu le Programme d’étude en 2019.

La gare de Limoges, élue "plus belle gare de France 2022"

Chef-lieu de l’ancienne région Limousin, la ville de Limoges est jumelée avec la ville de Seto (département d’Ehime) depuis 2003, et connue pour ses « arts du feu » (le travail de ses artisans autour de la poterie, la porcelaine ou bien encore la céramique high-tech).

Pour cette troisième édition du Mini-séjour, deux thématiques ont été retenues : les politiques en faveur des personnes âgées (la Silver économie) ainsi que la transition écologique et énergétique. Ces deux questions représentent en effet un grand défi à relever pour la France et le Japon.

Le Limousin est le territoire où le vieillissement de la population progresse plus vite que dans le reste de la France, et même d’autres pays d’Europe, puisque quelque 40 % de sa population devrait avoir plus de 65 ans d’ici 2030. Dans ce contexte, le « bien vieillir » est devenu une question de la plus grande urgence pour le territoire. C’est la raison pour laquelle les différents niveaux d’administration (la commune, le département, la région et l’Etat) collaborent entre eux avec les professionnels de santé, afin d’assurer à ces futures personnes âgées une bonne autonomie et d’augmenter leur espérance de vie en bonne santé.

Au cours du Mini-séjour, plusieurs interventions ont été donc consacrées au « bien vieillir » par des représentants de la préfecture de la Haute-Vienne, de la région Nouvelle-Aquitaine ainsi que de son Gérontopôle (Groupement d'intérêt public promouvant la recherche et l'innovation dans le service et le soutien aux personnes âgées) et de la ville de Limoges.

Pour prendre un exemple au niveau régional et départemental, le programme ICOPE (soins intégrés pour les personnes âgées) de l'Organisation Mondiale de la Santé est pleinement utilisé pour étudier et améliorer la détection d'une potentielle perte d'autonomie chez les personnes âgées de plus de 60 ans et ainsi limiter le nombre de personnes ayant besoin d'une assistance au quotidien. De son côté, la ville de Limoges met tout en œuvre pour aider les personnes nécessitant des soins, à rester dans le confort de leur propre maison et leur fournir des services en fonction de leurs besoins. Les mesures préventives sont ainsi fortement encouragées à tous les niveaux, tandis que le corps médical accompagne pleinement le processus décisionnaire politique.

 

Présentation par Emile Roger Lombertie, maire de Limoges,
de sa politique en faveur des personnes âgées.

La deuxième thématique abordée à l'occasion de ce programme d’étude, à savoir la transition écologique et énergétique, représente un enjeu d'importance mondiale aujourd'hui. Les participants ont d'abord pu visiter la centrale biomasse Dalkia et observer de près cette installation qui produit de la chaleur à partir de déchets de bois. Après avoir effectué cette visite, ils ont assisté à une présentation de la communauté urbaine Limoges Métropole sur la situation du mix énergétique utilisé sur le territoire et sur les objectifs définis à hauteur de 2050.

Environ 70 % de la superficie du Japon étant occupée par les forêts, la production d'énergie à partir de déchets de bois permettrait d'affermir les capacités d'auto-suffisance nationale et d'augmenter la résilience des sols japonais, tout en profitant également à l'économie et l'emploi. Il reste toutefois encore énormément de chemins à parcourir pour que ces enjeux se concrétisent. A Limoges, seuls les déchets de bois collectés dans un rayon de 100 km autour de la centrale biomasse sont utilisés et recyclés pour fournir de l'énergie thermique aux lotissements et autres bâtiments. Cette visite s'est avérée extrêmement intéressante et fructueuse pour la ville de Shizuoka qui envisage également d'utiliser le bois comme source énergétique.

Visite de la centrale biomasse Dalkia
Conférence de la communauté urbaine
Limoges Métropole

La région Nouvelle-Aquitaine a établi une feuille de route dédiée à la transition écologique et énergétique, baptisée « Néo Terra » et basée sur des analyses scientifiques précises, visant la concrétisation d'objectifs à l'horizon 2030. Lors d’un entretien à la Maison de la Région à Limoges, une présentation détaillée de «Néo Terra » a eu lieu ainsi que celle du diagnostic de la situation sociale de la Région sur laquelle est fondée cette démarche ambitieuse. À titre d'exemple, pour le secteur agricole, cette feuille de route indique qu'environ la moitié de la population agricole atteindra l'âge de la retraite dans les dix prochaines années, en raison du vieillissement de la population de ce secteur, et que de jeunes agriculteurs, porteurs d'une nouvelle façon de penser, rejoindront ce même secteur, offrant un moment-clef dans la transition actuelle vers l'agroécologie, qui permet  de conserver à la fois les écosystèmes et l'activité économique.

Ce programme a été pour les participants l'occasion de comprendre le rôle des différents niveaux de collectivités territoriales en France, en particulier le rôle planificateur et coordinateur pour la mise en œuvre cohérente des politiques publiques joué par les régions, strate administrative qui n’existe pas au Japon, et d'observer comment étaient menées les politiques locales françaises.

 

Conférence sur la transition écologique de Guillaume Riou,
vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine.

Le Japon et la France sont deux pays avec un taux de vieillissement parmi les plus élevés au monde. Si nos deux pays peuvent également être considérées comme ceux dont les populations bénéficient d'une très bonne qualité de vie et d'excellents systèmes de santé, il nous apparait clair qu'ils pourraient apprendre davantage l'une de l'autre, sur bien d'autres sujets, et nous espérons que les prochaines éditions du Mini-séjour continueront d'œuvrer dans cette optique.

Nous tenons, pour conclure, à exprimer notre profonde gratitude à Christophe Verger, vice-président national du SNDGCT qui a organisé ce Mini-séjour, ainsi qu'à toutes les autres personnes ayant travaillé pour l’accueil de ses participants.